

129- De la province à la capitale Différences entre les registres des cadis d’Adana et d’Üsküdar au XVIIIe siècle
RÉSUMÉ
Principal maillon du système judiciaire ottoman, les tribunaux des cadis étaient gérés de manière centralisé et destinés à fonctionner de manière standardisée. Pourtant, leur fonctionnement pouvait montrer de nombreuses divergences liées aux contextes et configurations locaux. La manière de tenir es registres pouvait également varier d’un tribunal à l’autre, impliquant non seulement des différences de langue et de vocabulaire mais également différentes formes d’enregistrement. L’étude présente a été effectuée sur les registres des cadis de la ville d’Adana et ceux d’Üsküdar. Elle vise à rendre compte des différences que l’on relève au contact de ces deux « archives » avec une attention particulière prêtée aux configurations des rapports de pouvoir locaux et à leurs éventuels impacts sur la manière de tenir les registres.

139- Autour d’une disparition Quelques documents concernant l’économie urbaine de l’Égypte au XIXe siècle
RÉSUMÉ
La disparition de consignations juridiques relatives aux relations entre la population laborieuse et le pouvoir fournit le point de départ du présent article, qui cherche à mettre en lumière la portée profonde des réformes judiciaires et administratives entreprises dans l’Egypte du xixe siècle. Ces remaniements viennent modifier le ressort de l’instance judiciaire impériale et ébranler fortement son autorité, surtout en tant qu’instance de médiation entre le sultan et le pouvoir en Égypte. Nous tentons ici de comprendre quels rapports existent entre le réagencement des tribunaux, le remplacement partiel d’un dispositif de charges vénales par une armée d’ordonnance et l’étatisation de l’économie. La transformation d’un corpus, loin de refléter de simples questions procédurales ou encore un processus mené par le vice-roi selon une logique de rationalisation de l’appareil d’Etat, nous fournit ainsi l’occasion de revenir sur les transformations qui ont bouleversé l’économie judiciaire de l’Egypte.

165- Les titres fonciers dans la régence de Tunis à l’époque moderne. Interrogations autour d’une mutation documentaire
RÉSUMÉ
Comment comprendre le fait que les archives judiciaires tunisiennes de l’époque ottomane soient fondamentalement constituées de titres fonciers détenus par les ayants-droits ? Que ces titres ne remontent que très rarement au-delà du XVIe siècle ? Que la forme « registre » n’apparaît que vers le milieu du XIXe siècle ? A partir de l’examen des waqfiyyât hérités de la Djemaïa des Habous ce papier tente de reconstituer les pratiques de certification de la propriété foncière à l’époque moderne et les mutations qu’elles ont pu connaître. Il esquisse également les grands traits de la configuration archivistique judiciaire générale de la régence et de la transformation fondamentale qu’elle entame à partir de 1860.

187- Justice, accords et écritures à Constantine à la fin du XVIIIe siècle. Contingence, archive et histoire
RÉSUMÉ
Les « registres de cadi » de Constantine dont la série débute à la fin du XVIIIe siècle, constituent une singularité dans le paysage archivistique des provinces ottomanes maghrébines. De même, leur économie tranche avec celle ayant présidée aux séries de registres des tribunaux conservées dans les provinces anatoliennes ou arabes de l’Empire ottoman, qui constituent le matériau privilégié du renouveau historiographique depuis 50 ans. L’analyse montre un type d’enregistrement original permettant de considérer à nouveau frais à la fois le rôle de l’institution judiciaire et le sens des traces de son activité. Ni notarial ni pénal, ce que préservent ces registres est la certification des accords passés. De plus, loin d’être le signe d’une rationalisation dans l’ordre étatique, le développement de la pratique d’enregistrement parait avoir constitué une réponse de l’institution judiciaire contre les prétentions du bey à imposer son propre contrôle.

207- Le corpus impossible. Registres de cadi et archives de la province ottomane à Chypre au XIXe siècle
RÉSUMÉ
L’hypothèse proposée ici est que les « registres de qhâdî » tenus par les juges de Chypre à l’époque ottomane ne constituent pas un corpus définissable a priori, mais sont plutôt une archive parmi d’autres au sein des nombreux flux de papier qui parcourent la province ottomane. Autant que le juge et ses registres, il convient d’étudier la configuration sociale et documentaire dont ils sont partie prenante. Configuration qui, s’agissant notamment du XIXe siècle, est en perpétuel mouvement : elle se définit et se redéfinit au gré des mesures ordonnées par les administrateurs ottomans, sous le signe des « réformes » (tanzîmât). Toute tentative pour tirer au clair les instances et pratiques judiciaires de la province demeure, à ce titre, soumise à une importante marge de jeu. Différents points d’appui peuvent être adoptés pour en prendre son parti. La présente étude privilégie une approche centrée sur les modalités de consignation mises en œuvre, entre autres, par le (ou les) registre(s).

231- Entre prêt-à-penser et pensée à construire. Lectures psychanalytique et anthropologique en terrain tunisien
RÉSUMÉ
Cet article est prioritairement dédié à la sensibilisation à un problème que nous considérons entacher sérieusement la recherche en sciences humaines et sociales en constituant une entrave à la créativité dans la production scientifique. Cette dernière est tributaire d’une juste proximité avec un terrain approché dans sa différence. Ce point nous a amenées à faire l’hypothèse selon laquelle de « mauvais » réflexes de référence automatisée sont répandus et susceptibles d’avarier une discipline au point de mettre en doute sa validité et son efficience dans un certain contexte socioculturel. Les dommages d’une telle manœuvre sont à prendre au sérieux. La problématique est d’envergure. Nous tenons à en souligner le caractère transdisciplinaire et lançons un appel à la réflexion.