IBLA, But et Signification

IBLA est née parce que ses fondateurs croyaient que la Tunisie allait devenir un jour indépendante; qu’il fallait respecter et faire connaître la culture tunisienne dans tous ses aspects et soutenir les Tunisiens en tant que protagonistes dans leur propre culture. Dès les premiers numéros de la revue, certaines rubriques sont signées par des Tunisiens et Tunisiennes. En 1959 apparaît le premier liminaire signé par un Tunisien, T. Guiga, dans un numéro consacré à l’éducation des adultes. À partir de 1977 le comité de lecture de la revue est composé majoritairement par des Tunisiens.

Les relations de l’IBLA avec les autorités françaises du Protectorat ont parfois connu de fortes tensions. Le jour de l’inauguration du Cercle des Amitiés tunisiennes, en 1934, le Supérieur de la maison, le Père André Demeerseman, met le fils du Bey à sa droite et le représentant du Résident français à sa gauche. Un membre du protocole de la Résidence lui fait remarquer que ce doit être le contraire. A quoi il lui fut répondu: “Je suis chez moi et j’y fais ce que je veux”. L’échange de lettres entre le Père André Demeerseman et M. Lucien Paye est à la limite de la correction, tant il montre de violence contenue entre deux personnalités convaincues de leurs points de vue opposés. Le premier, attentif à la réalité tunisienne, défend la personnalité locale et ses aspirations, et par conséquent le nationalisme et la spécificité des militants. Le second est fonctionnaire de la colonisation et en exprime l’idéologie, en particulier pour ce qui concerne les programmes d’enseignement.

Pour de nombreux observateurs de l’extérieur, l’IBLA a pu apparaître à l’époque comme un organisme dépendant de la politique extérieure française ou du moins une institution dont le but serait le rapprochement franco-tunisien. S’il fallait à tout prix trouver une autorité de tutelle, ce serait davantage du côté du Vatican qu’il faudrait chercher. L’IBLA reçoit les encouragements du Pape en janvier 1938. En 1940, on propose aux Pères Blancs de Tunis de fonder une œuvre semblable au Maroc, sans qu’une réponse positive ne soit donnée à cette demande. Le Cardinal Gerlier visite l’IBLA le 7 avril 1948. Et le Cardinal Tisserand, qui avait déjà visité l’IBLA en 1938, y retourne, cette fois comme Secrétaire au Vatican pour les Eglises Orientales, le 16 novembre 1954. Sont présents à la conférence donnée à cette occasion Messieurs Sadok Mokaddem et HédiNouira.

La fin de la guerre est marquée par la grande dispersion du personnel qui va surtout essaimer en Algérie. Les activités de l’IBLA se divisent en deux. La maison d’études part à La Manouba, dans la banlieue de Tunis, en 1948, puis à Rome en 1964 où elle deviendra le PontificioIstituto di Studi Arabi e d’Islamistica (PISAI).